Nissan Frontier, ouvrez grand

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Denis Duquet

Il est curieux de constater jusqu'à quel point la perspective d'un produit peut changer au fil des années. Lorsque le Frontier est apparu au tournant de la dernière décennie, Nissan parvenait à peine à se maintenir en affaires et ses ressources ne permettaient pas le développement intensif d'une nouvelle camionnette et d'un nouveau moteur V6. Cette nouvelle venue était donc sage comme une image sous tous les aspects. Seuls sa finition sérieuse et un prix très compétitif prêchaient en sa faveur.

La compagnie Nissan a connu une spectaculaire remontée et le Frontier n'est plus le parent pauvre de la catégorie. Ce modèle peut dorénavant être considéré comme le digne successeur des camionnettes Nissan qui ont toujours innové à plus d'un point de vue. En fait, Nissan a littéralement inventé la catégorie en 1959 et a par la suite proposé le premier camion 1/2 tonne de cette classe. En 1977, le modèle King Cab à cabine allongée a constitué une autre première pour ce constructeur.

Plein ciel

Au gré de la remontée de la compagnie sur le marché, une toute nouvelle présentation est apparue en 2001. Cette camionnette était jusque-là considérée comme nulle côté apparence, mais cette nouvelle silhouette a permis de transformer la chrysalide en papillon. De plus, le modèle à cabine simple a été tout simplement aboli. Encore là, ce constructeur nippon a joué un rôle de précurseur. Aucun autre manufacturier n'avait osé un tel geste. Cette année toutefois, le nouveau Ford F-150 adopte la même politique. Le Frontier se décline donc en version King Cab à cabine allongée et en modèle quatre portes.

Après des débuts plutôt modestes, le Frontier se démarque maintenant de ses concurrents par plusieurs originalités. L'une d'entre elles est le toit rétractable Open Sky qui s'ouvre sur toute sa longueur si on le désire. Les ingénieurs ont remplacé le traditionnel panneau en acier de cet accessoire par une toile qui se rétracte à la distance voulue. Il est facile d'y voir l'influence de Renault puisque ce constructeur franÇais a installé ce type de toit ouvrant dans plusieurs de ses modèles au cours des années.

Il semble que les concepteurs aient souffert de la folie des grandeurs, car non seulement le Frontier possède le toit ouvrant le plus grand sur le marché, mais la caisse de chargement offerte en option dans la version King Cab est la plus longue de sa classe. Avec ses 189 cm, elle permet de transporter presque autant de matériel qu'une camionnette pleine grandeur. Mais s'il est avantageux de pouvoir charger son véhicule de beaucoup d'objets, il faut également être en mesure de déplacer cette charge additionnelle sans problème. Malheureusement, le moteur V6 3,3 litres de 170 chevaux n'est pas tellement bien adapté et se révèle avare de puissance et passablement rugueux. Les performances de ce V6 n'impressionnent pas tellement et le pilote aura la sensation, même allège, qu'une bonne partie des chevaux-vapeurs annoncés sont en vacances.

La solution semble bien évidente : il suffit de commander la version suralimentée de ce V6 pour bénéficier du muscle nécessaire, car il produit 210 chevaux. Malheureusement, une fois de plus, la théorie est contredite par la pratique. Malgré une puissance supplémentaire de 40 chevaux, le résultat manque toujours de vigueur. Lorsqu'on passe d'un moteur à l'autre, on a l'impression que seul le son a changé.

Curieusement, le moteur quatre cylindres 2,4 litres satisfait beaucoup plus. Il est bruyant comme tous les moteurs de camion de Nissan, solide comme le roc, et ses 143 chevaux ne sont pas de la frime. Il est possible de coupler ce quatre cylindres à une boîte manuelle à cinq rapports ou à une automatique à cinq rapports. Par contre, il ne peut être commandé dans les modèles 4X4 et à cabine multiplace.

Autre innovation !

Il ne faut pas non plus oublier de souligner que le modèle Desert Runner adopte la suspension et la présentation extérieure d'une version 4X4 tout en demeurant un modèle 4X2. Si je ne m'abuse, Nissan a été le premier constructeur à proposer une telle duperie sur le marché. À constater avec quel empressement la concurrence a emboîté le pas, il faut croire que cette combinaison pour le moins incongrue remporte le succès. C'est une preuve de plus que les achats de véhicules, même ceux à vocation pratique, ne sont pas toujours dictés par la logique et le gros bon sens.

Curieusement, il me semble étrange que tous ces ingénieurs démontrant une telle capacité d'innovation ne soient pas en mesure de concocter une camionnette aussi agréable à conduire qu'à regarder. Il ne faut pas croire pour autant que le résultat soit catastrophique. En fait, le véhicule assure une tenue de route très honnête. Mais son apparence sportive nous laisse sur notre appétit lorsqu'on prend le volant. Les moteurs sont bruyants et la direction à billes assez imprécise. Quant aux sensations de conduite, elles ne se révèlent guère excitantes. Je sais, c'est une camionnette et pas une voiture sport. Mais diantre, pourquoi l'affubler d'une silhouette pareille si le plaisir de conduire a été oublié dans l'équation ? D'autant plus que le tableau de bord très stylisé accentue l'impression première. Et à propos de l'habitacle, si les sièges avant s'avèrent corrects pour la plupart des gens, les places arrière sont assez peu confortables, avec un dégagement pour les jambes pas impressionnant.

Malgré ces quelques bémols, il ne faut pas oublier que la gamme Frontier est très diversifiée en plus de comporter des modèles innovateurs.