Lotus Evora 2012: Light is right

Publié le 4 avril 2012 dans 2012 par Alain Morin

« Light is right » pourrait se traduire, très librement, par « La légèreté, c’est bien ». Cette maxime a toujours régi les créations d’Anthony Colin Bruce Chapman, le génial ingénieur fondateur de la marque Lotus en 1948. Selon Chapman, une voiture ne devait pas être seulement puissante, elle devait surtout être légère. Donc, maniable.
Les récentes Lotus Elise et Exige respectaient ce principe à la lettre. Cependant, plusieurs clients désiraient quelque chose d’un peu plus confortable (les Elise et Exige étaient reconnues pour leurs suspensions de marteau). C’est ainsi que l’Evora est née. Et sa naissance arrive à point nommé… À cause des réglementations américaines au niveau de la sécurité et de la décision de Toyota de ne plus fournir son quatre cylindres 2ZZ, Lotus a dû cesser la vente de ses deux amusants biplaces en Amérique.

Heureusement, l’Evora est là

En juillet 2008, Lotus dévoilait sa nouvelle création : l’Evora. Superbement sculptée et dotée d’un V6 Toyota de 3,5 litres, elle promettait des sensations de conduite hors du commun. Promesses tenues.
Ce V6, monté en position centrale arrière, développe 276 chevaux, ce qui peut paraître, à l’amateur de données superlatives, un peu chiche. Mais dans une voiture de moins de 1400 kilos, ça déplace! Entre ce V6 et les roues arrière, on retrouve une transmission manuelle à six rapports dont le maniement du levier pourrait être un peu plus inspiré.

Le châssis tout en aluminium comprend des sous-châssis avant et arrière boulonnés et collés à l’époxy. En plus d’être moins dispendieuse à réparer (la vie sur les pistes de course est souvent ingrate…), cette technique assure une rigidité exceptionnelle. Et ça se sent dès qu’on prend le volant, aux dimensions parfaites, tout comme la précision de la direction et le retour d’information. Et des freins, mes amis, des freins à vous en arracher la cornée. La tenue de route est tout simplement géniale et, comme seules les grandes créations peuvent le faire, l’Evora sait pardonner les erreurs de pilotage (ou de jugement…), faisant ainsi bien faire paraître son pilote.

Un petit « S » qui change tout!

Ça, c’était pour l’Evora. Il y a quelques mois, Lotus présentait l’Evora S. Le V6 de 3,5 litres, grâce à un compresseur Harrop HTV 1320, passe à 345 chevaux. Oui, ça pousse dans le dos quand on enfonce l’accélérateur! Mais, il manque un tout petit quelque chose : du son. Même si le système d’échappement de l’Evora S possède une soupape qui lui permet, à plus de 4 700 tours/minute, de laisser passer les gaz plus facilement, mes oreilles, formées aux gros V8 américains, n’ont pas été impressionnées.

La transmission est toujours une manuelle à six rapports, mais ces derniers sont plus rapprochés que ceux de la boîte de l’Evora tout court. Et comme sur cette dernière, le maniement du levier n’est pas des plus aisés. Notons que « S » ou pas, les amateurs de pointe-talon s’amuseront comme des petits fous à freiner tout en donnant des « coups de gaz », tant le pédalier est bien disposé. Et si Lotus avait pu trouver le moyen d’installer un repose-pied à gauche, ç’aurait été la perfection. Mais, à cause de la configuration du châssis, cet ajout semble impossible.

Trois niveaux de contrôle de la traction et de la stabilité latérale sont proposés au pilote. Sur la route, le mode « Normal » est tout indiqué et les différents systèmes de sécurité veillent au grain. Le mode « Sport » sera davantage utilisé sur une piste de course. En plus de repousser la ligne rouge de 6 800 à 7 200 tours/minute, il permet de jolies dérobades du train arrière et il intervient avant la catastrophe. Enfin, le dernier mode permet de désactiver tous les systèmes. Pour pilotes professionnels seulement!

La maîtresse et l’épouse

Après la piste, il faut bien retourner à la maison… Même si l’Evora et l’Evora S sont des parangons de confort par rapport aux Elise et Exige, leur utilisation quotidienne demande certains ajustements. L’entrée et la sortie de la voiture ne sont pas toujours élégantes, surtout à cause des seuils de portes très larges. Il n’y a pas de porte-gobelets, les espaces de rangement se limitent au siège du passager ou à la petite plage située derrière les sièges. Au fait, Lotus propose une version 2+2 de son Evora. Mais les places arrière sont tellement petites que je ne vois pas qui pourrait y prendre place. Même les sacs d’épicerie se plaindraient! L’odomètre est difficile à lire puisqu’il est gradué en tranches de 30 km/h, les bruits de roulement sont omniprésents, de même que quelques bruits de caisse. La visibilité vers l’arrière est atroce, mais heureusement, une caméra arrière vient sauver la situation.

Malgré tout, on ne peut que tomber en amour avec l’Evora et l’Evora S. Dociles comme des chatons en conduite urbaine, elles ne se dévoilent vraiment qu’une fois lâchées sur une piste. Cependant, le légendaire manque de fiabilité des produits anglais s’est tristement manifesté lors de notre essai d’une Evora S. Après avoir banalement étouffé le moteur, le témoin d’anomalie (check engine) s’est allumé et nous sommes retournés chez le concessionnaire cahin-caha. Malgré cela, on me donnerait une Evora S et je la prendrais quand même. Je suis bon, c’est dans ma nature…