Acura RLX 2018 : trop intelligente pour son propre bien

Publié le 25 mai 2018 dans Essais par William Clavey

En 2017, Acura Canada a vendu un total de 37 RLX. Trente-sept. En Amérique du Nord : 766. Cela fait de la grande berline porte-étendard du constructeur une voiture plus rare qu’une Ferrari 488 ou une Porsche 911. Il est d’autant plus ridicule de constater que même sa propre supervoiture, exclusive et dispendieuse, la NSX, s’est montrée presque aussi populaire.

Ce manque d’intérêt flagrant nous intrigue, car sur papier, la RLX a tout pour plaire et offre beaucoup de luxe et de performance pour le prix. Hélas, les gens s’en balancent. Acura aurait pu décider de la retirer de sa gamme par manque de popularité. Fidèle à son caractère orgueilleux, la division haut de gamme de Honda lui a plutôt donné un second souffle par le biais d’une mise à jour esthétique et dynamique. Est-ce suffisant pour qu’elle puisse enfin briller, cette RLX?

La grande timide à lunettes

Sa plus grande faiblesse lorsqu’elle fut introduite en 2014, c’était son design vraiment trop sobre. Personne ne la reconnaissait. Personne ne savait que c’était une Acura, mais surtout, personne n’était prêt à payer les quelque 65 000 $ associés à son nom.

Pourtant, ce n’est pas nouveau pour Acura de vendre une berline de luxe discrète et extrêmement bien assemblée. Rappelons-le, c’est l’Acura Legend qui a mis la marque sur la carte à la fin des années 80; le premier exemple d’un produit japonais capable de se mesurer à l’élite mondiale des voitures de luxe. Non, la première marque de luxe japonaise n’était pas Lexus ou Infiniti. C’était Acura.

À l’époque, la Legend présentait un habitacle silencieux, confortable et spacieux. Sans compter les technologies de pointe lui permettant de se distinguer côté performance tout en demeurant abordable et fiable!

Sur ce plan, la berline la plus dispendieuse d’Acura n’a pas changé. Le problème, c’est qu’en 2018, tout ça ne suffit plus, car il existe désormais des logos américains et même coréens qui en offrent autant. Pour lui apporter un peu plus de piquant, les designers d’Acura ont donc entièrement remodelé l’avant de la berline, notamment en lui greffant une grille hexagonale, franchement plus jolie. Les phares à DEL Jewel Eye ont été agrandis, le capot a plus de style et l’arrière arbore une nouvelle allure. C’est nettement mieux, mais la RLX demeure, surtout de profil, une voiture qui ressemble tristement à une bagnole générique sans nom que l’on verrait dans une publicité de compagnie d’assurances…

Mais elle a une si belle personnalité!

Pour comprendre la RLX, il faut prendre le temps de regarder sous sa carrosserie peu excitante, car c’est là qu’elle réussit à se démarquer par sa technologie hybride absolument unique.

Elle est munie non pas d’un, mais de quatre moteurs, qui aident à créer un des systèmes à rouage intégral les plus avancés de l’industrie.

C’est un réel chef-d’œuvre technologique composé d’un V6 atmosphérique de 3,5 litres à l’avant, d’un mini-moteur électrique, coincé entre le moteur à essence et la boîte robotisée à sept rapports, et deux autres moteurs électriques placés sur chaque roue arrière. La puissance totale est déclarée à 377 chevaux et un couple de 341 lb-pi, faisant de la RLX la berline la plus puissante jamais construite par Acura. En fait, à part le fait qu’il lui manque deux turbos, la mécanique de la RLX est identique à celle de la NSX, sauf que le système fonctionne à l’envers!

Le système hybride est entièrement autonome, donc pas besoin de le brancher. L’auto « devine » quel est le meilleur moment pour rouler en mode 100% électrique, chose qui peut s’effectuer jusqu’à une vitesse d’environ 60 km/h, ou lorsque l’on relâche l’accélérateur à haute vitesse. Dans une courbe prononcée, les moteurs arrière appliquent la vectorisation du couple, permettant de minimiser l’effet de sous-virage. Les moteurs peuvent même appliquer de la résistance pour faire pivoter l’arrière de la voiture, mais aussi pour recharger la batterie de 1,1 kWh.

La beauté du système est qu’on ne se rend jamais compte qu’il alterne d’un moteur à l’autre, travaillant en totale douceur et permettant à la RLX de franchir le 0-100 km/h en 5,0 secondes, tout en enregistrant une épatante consommation mixte ville/route de 8,0 L/100 km!

Alors, ça fonctionne?

Ne vous attendez pas néanmoins à obtenir des performances dignes d’une sportive, car la RLX est en premier lieu une berline de luxe. Or, derrière le volant, la sensation globale est une douceur de roulement hautement sophistiquée et une livrée de puissance veloutée et sans tracas.

Le V6 est doux et émet une sonorité agréable, la boîte de vitesses enfile les rapports rapidement, et en mode Sport, les moteurs électriques fonctionnent en harmonie afin de maximiser la puissance disponible. C’est impressionnant à voir aller!

Mais sa suspension, qui ne se raffermit pas en mode Sport, demeure molle, et le fait que le V6 repose devant le train avant fait en sorte que 57% du poids de la mécanique penche sur le « museau » de l’auto, même avec une batterie positionnée derrière la banquette arrière. Le résultat est une grosse bagnole mollasse qui rebondit facilement à la moindre imperfection de la route, ainsi qu’une tendance à vouloir sous-virer, malgré sa transmission intégrale Super Handling.

Quant à l’habitacle, bien qu’il soit aussi sobre que l’extérieur de l’auto, on apprécie tout de même le confort douillet des sièges en cuir ventilés, la chaîne audio Krell d’une exquise sonorité, la spacieuse banquette arrière et la visibilité hors pair grâce – en partie – à de minces piliers A. Sur le plan pratique, ses seuls véritables défauts sont un coffre plus petit que la normale à cause des batteries (340 litres), et un système multimédia à deux écrans raté par sa complexité, ses menus dépassés, ses commandes maladroites, et l’absence d’Android Auto / Apple CarPlay.

Toutefois, il y a beaucoup de choses plaisantes dans cette bagnole. La RLX est une des berlines de luxe que l’on a le plus aimé conduire cette année grâce à ses performances qui surprennent et son ergonomie quasi parfaite. Elle est de loin la berline la plus compétente vendue par Acura, sans oublier sa fiabilité reconnue! Bien qu’elle ne soit pas super sexy au premier coup d’œil, elle gagne à être connue et surtout, à être conduite. Trop « intelligente », l’Acura RLX 2018 ne sera appréciée que par les rares personnes qui auront pris le temps de la comprendre comme elle le mérite.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Acura RLX 2018
Version à l'essai Elite SH-AWD
Fourchette de prix 65 490 $ – 69 990 $
Prix du modèle à l'essai 69 990 $
Garantie de base 4 ans/80 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/100 000 km
Consommation (ville/route/observée) 8,2 / 7,8 / 8,0 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents n.d.
Points forts
  • Un chef d'oeuvre technologique
  • Performances et tenue de route épatantes
  • Habitacle soigné, spacieux et confortable
Points faibles
  • Apparence générique
  • Système multimédia décevant
  • Coffre restreint en raison des batteries
Fiche d'appréciation
Consommation 4.5/5 Nous avons enregistré une consommation moyenne de 8 L/100 km. Pour une berline de cette taille disposant d'autant de performance, c'est excellent.
Confort 4.0/5 Un habitacle soigné, confortable et spacieux. Les sièges en cuir sont exquis et la banquette arrière octroie beaucoup de dégagement pour les jambes.
Performances 4.0/5 La RLX est une grande berline rapide et dans les virages, le système SH-AWD lui confie une tenue de route épatante. Hélas, une répartition de poids étrange et une suspension trop molle la rendent maladroite lorsque poussée à ses limites.
Système multimédia 1.5/5 Un système à deux écrans complexe, mal pensé, dépassé et frustrant à utiliser. Un désastre ergonomique et n'intègre pas Android Auto / Apple CarPlay.
Agrément de conduite 4.0/5 La RLX est une berline qu'on apprécie conduire, soit pourr son confort absolu, soit pour ses performances remarquables.
Appréciation générale 3.5/5 C'est une berline qui gagne à être conduite! Bien qu'elle soit trop sobre et manque un peu de piquant, chapeau à Acura d'avoir osé faire les choses différemment.