Renault 5 GT Turbo : pas celle que vous croyez

Publié le 1er avril 2020 dans Voitures anciennes par Julien Amado

Dans cette série d’articles intitulée Histoire de France, le Guide de l’auto vous fait découvrir des véhicules construits de l'autre côté de l'Atlantique. Retrouvez des modèles mythiques, insolites ou méconnus qui n’ont jamais été vendus au Québec.

Quand on parle de Renault 5 turbo, la première chose qui vous vient à l’esprit c'est probablement une voiture aux hanches élargies et au moteur central arrière. Une pure sportive, qui était dotée d'un petit quatre cylindres turbocompressé et d'une ligne qui avait fait l'effet d'une bombe à sa sortie.

Dérivée de la Renault 5 que nous avons eue au Québec, la turbo est un modèle très spécifique. Produite en petite série, l'auto est aujourd'hui devenue une icône dans le monde entier.

La Renault 5 dont il est question aujourd’hui n’est pas la « turbo » mais la « GT Turbo » ou « GTT » comme la surnommaient les amateurs dans les années 1990.

Il s’agit en réalité de la remplaçante de la Renault 5, aussi appelée Supercinq. Une auto qui n’a jamais fait le trajet jusqu’en Amérique du Nord, mais qui a connu une belle carrière sur le Vieux Continent.

Turbo!

Depuis son arrivée en Formule 1 avec un moteur turbocompressé, Renault transpose cette technologie à ses modèles de route, en particulier les variantes sportives.

Pour sa nouvelle Supercinq GT Turbo, Renault poursuit évidemment dans cette voie lors de la présentation de l'auto en 1984. Mais contrairement aux Volkswagen Golf GTI et Peugeot 205 GTI dont les moteurs sont à injection, la GT Turbo est encore dotée d’une alimentation par carburateur.

Et son moteur n’est plus tout jeune puisqu’il s’agit d’un dérivé du fameux Cléon fonte. Un bloc qui était déjà monté sur les Renault 8 et Renault 10, y compris celles qui étaient vendues au Québec à la fin des années 1960! Nettement moins moderne que ses contemporaines sur le plan de la motorisation, la Renault utilise judicieusement le turbocompresseur pour doper ses performances.

Et le résultat est convaincant puisque le petit bloc 1,4 litre développe 115 chevaux. Des chiffres plutôt faibles aujourd’hui, mais qui étaient supérieurs à la Rabbit GTI vendue au Canada au même moment.

Plus sage à l'extérieur…mais aussi plus puissante

D’abord vendue avec un tour de carrosserie en plastique gris, la GT Turbo va s’assagir esthétiquement en 1987. Toute la voiture est désormais peinte et la finition s'améliore légèrement. Cela dit, l’habitacle était loin d’égaler celui d’une Golf MK2. Plastiques durs, tissus de piètre qualité, les journalistes de l’époque n’étaient pas tendres avec la présentation intéreure.

Renault profite de cette mise à jour pour procéder à quelques ajustements techniques et augmenter la puissance de 5 chevaux (120 au total). Creux à bas régime, le moteur turbo proposait des accélérations vigoureuses, comme en témoigne le 0 à 100 km/h expédié en seulement 7,8 secondes.

Polyvalente et étonnamment confortable pour une auto à tendance sportive, elle demeurera toujours dans l’ombre de la Peugeot 205 GTI, autrement plus populaire.

Dotée de petites roues de 13 pouces et d’un turbo au fort temps de réponse, la voiture avait tendance à tirer tout droit lorsqu’un conducteur trop enthousiaste écrasait l’accélérateur en virage. Sa réputation sera partiellement ternie pour cette raison, alors que la GT Turbo n’était pas une voiture dangereuse lorsqu’elle était conduite adéquatement.

Condamnée par les normes antipollution entrées en vigueur au début des années 1990, la petite Renault va ensuite devenir très prisée des amateurs de tuning et une image de « voiture de beauf » (« char de douchebag » en bon québécois) va lui coller à la peau.

Une période difficile désormais terminée, l’auto ayant réussi son entrée dans le clan des voitures de collection. Elle a même vu sa cote monter en flèche en Europe avec l’arrivée du phénomène Youngtimers, les « jeunes anciennes » désormais très prisées des collectionneurs.

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