Chevrolet Corvette Stingray 2020 : l’icône américaine réinventée

Publié le 11 septembre 2020 dans Essais par Jacques Bienvenue

Avec la Corvette Stingray 2020, la huitième génération de l’icône américaine de performance prend un virage radical. Car, pour la première fois de son histoire, la Corvette adopte une architecture à moteur central.

Une véritable révolution s’est produite chez Chevrolet. Oubliez les Corvette d’antan au capot démesurément long, bruyantes et mal assemblées. Vous savez, celles que l’on ne conduisait jamais longtemps faute de confort, de raffinement, d’ergonomie... et de freins à la mesure de la puissance du moteur. Tout cela est maintenant chose du passé. La C8 — Corvette de huitième génération pour les intimes — propulse cette icône dans un nouveau monde : celui des autos sport de haut rang. Mieux vaut tard que jamais.

Sacrée Voiture nord-américaine de l’année, la Corvette Stingray 2020 est le premier modèle de série à adopter une architecture à moteur central. « C’est la Corvette dont rêvaient les concepteurs de Chevrolet depuis plus de 60 ans », a dit Mike Simcoe, vice-président du design mondial de General Motors lorsqu’il l’a dévoilée à la presse internationale en Californie, en juillet 2019. 

 

Au-delà de ses formes élégantes qui en font une sculpture mobile comparable à l’Acura NSX et l’Audi R8, la C8 bénéficie de nombreux avantages issus de cette architecture, à commencer par une nouvelle répartition de masse. Plutôt que d’avoir la répartition de la C7, que l’on dit généralement idéale (49 %/51 % ou 50 %/50 %, selon le modèle), la C8 présente un surcroît de poids à l’arrière (60 %) qui augmente les performances en ligne droite et sur circuit. Le pilote profite également d’une réactivité et d’un sentiment de maîtrise améliorés car il se trouve plus près de l’essieu, le cockpit ayant été déplacé de 42 cm vers l’avant.

Enfin, la visibilité est désormais aussi bonne que dans une voiture de course grâce à l’abaissement du capot, du tableau de bord et du volant. De trois quarts et vers l’arrière, par contre, les formes généreuses et les voies légèrement élargies nous empêchent toujours de bien voir. Un miroir central jumelé à une caméra arrière compense cet irritant dans une certaine mesure, du moins pour ceux qui s’offriront cet appareil optionnel.

Incontournables compromis

Après tout, comme pour n’importe quelle voiture sport d’exception, la C8 a une conception pavée de compromis. L’intérieur, par exemple, se distingue par une finition impeccable, des matériaux de qualité supérieure et un design spectaculaire. Mais l’embarquement exige toujours une dose de souplesse en raison du seuil très large et de la garde au sol minimaliste. En revanche, l’environnement créé pour le pilote lui permet de faire corps avec son bolide. Il peut d’ailleurs choisir entre trois sièges aux designs différents selon qu’il préfère optimiser le confort routier (sièges GT1 ou GT2) ou privilégier la conduite sur piste (siège Compétition Sport).

Derrière son volant à l’allure carrée qui se prend bien en main, le pilote se retrouve entouré d’une instrumentation sophistiquée et étoffée selon certains, envahissante selon d’autres. Cette longue crête bordant le flanc droit de la console centrale, sur laquelle on retrouve une interminable collection de commutateurs distants du pilote et difficiles à différencier, forme aussi une curieuse barrière confinant le passager dans son coin. Cet aménagement bancal n’a visiblement pas été imaginé pour favoriser les relations de couple!

De toute façon, ce n’est pas cela qui niche au coeur de ce bolide. C’est un puissant V8 atmosphérique. Ce moteur LT2 de 6,2 L, une évolution du LT1 de la C7, produit de 490 ch et 465 lb-pi de couple, ou 495 ch et 470 lb-pi si l’on opte pour l’ensemble optionnel Z51 (+5 900 $). Très populaire parmi les acheteurs, il comprend un échappement, des freins et une suspension de type performance — une suspension nettement plus ferme! Cette puissance (35 ch et 5 lb-pi de plus qu’en produisait le LT1 de la C7) parvient aux larges savates qui chaussent les roues arrière de 20 po par le biais d’une nouvelle boîte de vitesses automatique à 8 rapports et double embrayage Tremec souple et rapide. Signe des temps, il n’y a plus de boîte manuelle au catalogue.

Mystérieux bouton « Z »

Un système de gestion électronique de la motorisation offre un choix de six modes de fonctionnement au pilote, plutôt que les quatre de la C7. Il y a les modes habituels, soit Touring, Weather, Sport et Track, auxquels s’ajoutent MyMode, un paramétrage configurable qui enregistre le mode de conduite favori, et le fameux mode « Z ». Mode à usage unique, ce dernier pousse les configurations plus loin en permettant d’ajuster dans une certaine mesure le rendement du moteur et de la boîte de vitesses. Activé au moyen du bouton « Z » que l’on trouve sur le volant, il doit son nom aux populaires ensembles de performance Z06, ZR1 et Z51 de la Corvette.

Étant donné que tout tourne autour du joyau logé au centre de cette Corvette, le constructeur a doté son hayon d’une lunette l’exposant aux regards des curieux. L’extrémité en porte-à-faux de cette vitre sert par ailleurs à évacuer la chaleur du compartiment moteur qui peut être intense. C’est normal puisque ce V8 permet à la C8 d’accélérer de 0 à 96 km/h (0-60 mi/h) plus vite que toute autre Corvette d’entrée de gamme. Avec l’ensemble Z51, elle accomplit l’exploit en 2,9 secondes! Sinon, il faut ajouter un « long » dixième de seconde!

Le constructeur ne fait pas miroiter que les qualités de ce V8. Il mise aussi sur le côté pratique de cette Corvette, qui a deux coffres à bagages. Certes, ils sont tous deux plus faciles d’accès que l’espace arrière très étalé du coupé C7 auquel on accédait en soulevant un imposant hayon. N’empêche que l’ancienne Corvette avait 425 L de volume utile, alors qu’il faut à la C8 deux coffres distincts pour donner un total de 357 L. Or, bien que le coffre arrière puisse loger deux sacs de golf (pas trop gros et bien tassés, svp) ou le toit « targa » amovible, autre option du coupé, il subit des hausses de chaleur du moteur voisin. Voilà pourquoi il sera préférable de déposer cette précieuse boîte de savoureux chocolats belges dans le coffre avant!

Pour les Américains, la Corvette a toujours été un symbole de performance et d’ingéniosité abordables dans sa catégorie. Plus que ses devancières, la C8 s’inscrit dans cette tradition avec des performances et un raffinement inégalés doublés d’un plan de garantie alléchant et d’un service après-vente assuré à bon prix. La révolution, elle s’opère là aussi.

En vidéo : la Chevrolet Corvette Z51 2020

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Chevrolet Corvette 2020
Version à l'essai 1LT Coupé
Fourchette de prix 67 898 $ – 92 398 $
Prix du modèle à l'essai 67 898 $
Garantie de base 3 ans/60 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/100 000 km
Consommation (ville/route/observée) 15,4 / 8,7 / n.d. L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents n.d.
Points forts
  • Moteur puissant
  • Comportement routier enlevant
  • Excellente boîte de vitesses
  • Échelle de prix attrayante
Points faibles
  • Visibilité arrière et de trois quarts réduite
  • Chaleur intense dans le coffre arrière
  • Sièges Sport trop cintrés
  • Manque d’espaces de rangement