Alexandre Tagliani se tourne peu à peu vers l’avenir

Publié le 17 septembre 2020 dans Course automobile par Journal de Montréal

Par Tommy Thurber

Figure emblématique de la course automobile au Québec, le pilote Alexandre Tagliani pose actuellement les premières pierres aux fondations de son projet d’après-carrière: celui de léguer à la prochaine génération de pilotes du Québec son expertise.

Ouverture d’un centre de karting intérieur, importation de karts et parrainage de jeunes talents québécois: même s’il ne souhaite pas mettre un terme à sa carrière de pilote pour le moment, «Tag» ne négligera aucun aspect pour assurer la pérennité de son sport dans la province.

Pourtant, il ne s’agissait pas d’un parcours tracé d’avance pour l’homme de 46 ans, qui estime que les pièces se sont mises en place d’elles-mêmes, à son grand plaisir.

«Je reviens à mes premières amours, s’est exclamé Tagliani le 5 septembre à l’occasion de son passage sur le circuit SH Karting, à Saint-Charles-sur-Richelieu. L’après-carrière, c’est censé être plein de choses. Mais ce projet [d'aide aux jeunes pilotes], le centre de karting, tout est arrivé en même temps sans vraiment le savoir.»

Saisir les occasions

Le Québécois a ainsi créé TAG Motorsports et a saisi l’occasion d’importer des karts de la compagnie italienne CRG - dont la réputation n’est plus à faire avec des clients tels que Lewis Hamilton, Nico Rosberg et Max Verstappen - qui souhaitait proposer ses produits au Canada.

«Ça fait 20 ans que je veux un centre de karting, et là, ça se concrétise. Avec CRG qui a les produits à la fine pointe de la technologie et qui voulait venir au Canada, eh bien, j’ai levé la main. Est-ce que j’avais prévu que ça allait devenir mon après-carrière? Non. Mais est-ce que ça adonne bien? Oui.»

À l’aide d’un centre de karting qui devrait être inauguré en 2021, Tagliani n’est pas peu fier de la structure qu’il met en place. Il croit ainsi être en mesure de couvrir tous les besoins des jeunes pilotes qui désirent percer dans un sport très compétitif et de proposer des plans adaptés à la réalité de chaque pilote.

«J’ai grandi là-dedans. Je pense que le karting, c’est la meilleure de préparation et je pense qu’il y a trop de jeunes qui veulent quitter le karting trop tôt. Les jeunes veulent se lancer en voiture trop rapidement et sous-estiment l'importance du karting dans une carrière.»

Le nerf de la guerre

Tagliani a eu la chance de compter sur l'appui de son père Rémo, mécanicien de formation, pour parfaire ses habiletés pour les réglages de ses bolides lorsqu’il était plus jeune. Il a toutefois appris à la dure que le nerf de la guerre était la recherche d'argent et de commanditaires, un domaine dans lequel il a développé une expertise au fil des années.

Avec le «coaching» de pilotage, ce sont deux éléments qu’il souhaite mettre de l’avant. Son premier protégé, soit Ilie Tristan Crisan, 8 ans, a d’ailleurs été le premier à profiter du savoir-faire de l’homme de 46 ans cet été.

Mais par-dessus tout, c’est un être humain admirable qu’il aimerait former en karting. Si les partisans de course se concentrent sur les performances en piste des pilotes, toute une équipe travaille dans l’ombre pour assurer leurs succès. Les jeunes doivent rapidement le comprendre.

«Les familles font beaucoup de sacrifices et sont souvent divisées pour aider les jeunes à concrétiser leur rêve. Il faut que le jeune le comprenne pour qu’il ne devienne pas une prima donna. C’est un segment de l’apprentissage, mais je ne laisserai pas aller, il me tient à cœur.»

Pas question, donc, de laisser l’arrogance et l’orgueil prendre toute la place.