Chronique d'une mort annoncée: En hommage à la Mitsubishi Lancer Evolution

Publié le 5 avril 2014 dans Galeries par Frédérick Boucher-Gaulin
Mauvaise nouvelle du côté de Mitsubishi : le président a annoncé que la Mistubishi Lancer Evolution ne serait pas renouvelée pour 2015, et que la prochaine mouture de sa berline compacte n’aura pas de version haute performance. Voici un court récapitulatif de l’histoire de l’une des plus grandes icônes du sport automobile.
Dans les années 70 et 80, Mitsubishi a réalisé que pour être reconnu comme un constructeur sérieux, il devait acquérir une renommée dans le sport automobile. Il a donc décidé de monter un véhicule pour le rallye le plus ardu au monde, le Safari Rally. Son modèle Lancer est choisi, car il est fiable et facile à réparer en cas de pépin. La voiture est un succès, puisqu’en 1976, des Lancer raflent les quatre premières places! La légende était née.
Fort de ses succès en rallye, Mitsubishi se lance dans le développement d’une voiture pour participer dans la plus haute division du World Rally Championship, le Groupe B. C’est ainsi qu’une Starion à 4 roues motrices et moteur turbo voit le jour. Malheureusement, le projet sera abandonné, car la série a fait plusieurs morts (autant parmi les spectateurs que parmi les pilotes) en 1986, et la catégorie Groupe B a été annulée.
Mitsubishi décide donc de concentrer ses efforts sur le Groupe A. Pour se conformer à cette série, la voiture utilisée doit être semblable à un modèle de production. Pas question d’avoir une Starion lourdement modifiée! Les ingénieurs prennent donc la mécanique du projet Starion 4WD, et l’installe dans une berline Galant. La nouvelle voiture, baptisée VR-4, dominera le groupe A de 1989 à 1992.
Cependant, au début des années 90, les manufacturiers réalisent que leurs berlines sont trop grosses pour les sentiers étroits rallyes, et plusieurs d’entre eux développent des voitures plus petites : Ford avec son Escort, Toyota présente la Corolla, et Subaru met au point une certaine Impreza WRX… Pour ne pas être en reste, Mitsubishi prend la mécanique de la Galant VR-4, et l?apte dans une Lancer, créant la Lancer Evolution.
l'Evo fut un succès immédiat. Sur les pistes d?ord, où elle finit la saison 1993 dans le top 3. Mais aussi sur le marché, puisque Mitsubishi devait vendre 2 500 Lancer Evolution pour homologuer sa version de rallye. Toutes les voitures furent vendues en seulement 3 jours!
De 1994 à 1995, 5 000 exemplaires de la Lancer Evolution II furent produits. Encore une fois, en moins de 4 mois, ils furent tous vendus! La voiture présentait quelques améliorations, dont une augmentation de la pression du turbo, portant la puissance totale à 260 chevaux. L'Evo était aussi plus maniable, avec des roues et des pneus plus larges, et une modification du châssis pour élargir l’empattement.
La troisième version, produite de 1995 à 1996, affichait un style plus agressif, avec des jupes permettant davantage de ventilation pour les freins et le refroidisseur d’air. La puissance passe à 270 chevaux.
Comme la Lancer fut complètement redessinée en 1996, l’Evo suivit peu de temps après. L’Evo 4 était beaucoup plus rigide, grâce à des barres de torsion avant et arrière. Elle est reconnaissable à ses grands phares antibrouillards ronds. C’est avec une Evo IV que Tommi Mäkinen remportera quatre fois de suite le championnat WRC.
De 1998 à 1999, l'Evo V présente un kit de jupes plus carrées, ainsi qu’une augmentation du couple, qui passe à 276 livres-pied. La puissance reste officiellement la même, à 276 chevaux, bien que certaines sources affirment que la voiture en développait en fait beaucoup plus.
Une modification du parechoc améliore la ventilation des freins et du moteur. La plupart des changements par rapport à l’Evo 5 sont effectués pour accroitre la fiabilité.
En 2001, la FIA oblige Mitsubishi à construire une voiture se conformant aux nouvelles règles de la WRC, établies plus tôt dans l’année. L’Evo VII est donc plus lourde, mais gagne en maniabilité grâce à un différentiel central actif et une augmentation de couple, qui passe à 280 livres-pied.
Pour la première fois, les États-Unis ont droit à une Evo (il faudra attendre l’Evo X pour nous autres, Canadiens). Cette huitième version gagne immédiatement le cœur de l’Amérique, embarrassant plusieurs modèles plus dispendieux. Elle dévorait le 0-100 km/h en 6 secondes.
Avec 289 chevaux et un système de contrôle de la traction sélectionnable selon la surface (tarmac, gravier et neige) l’Evo IX passait de 0 à 100 km/h en seulement 4,5 secondes. Beaucoup sont d’ailleurs modifiées pour aller plus vite.
Débutant en 2007 et devenant aujourd’hui l’itération finale de la Lancer Evolution, cette dixième version est encore plus agressive que ses prédécesseures. Elle offre 291 chevaux, ainsi qu’une version MR à transmission double embrayage.
Pour commémorer la fin de l’Evo, Mitsubishi UK produira une version finale de l’Evo X, baptisée FQ400 (le FQ signifierait f*** ing fast, bien que Mitsubishi n’ait jamais voulu dévoilé l’origine du nom). La voiture génère 400 chevaux, 400 livres-pied de couple et passe de 0 à 100 km/h en 3,8 secondes. Elle coute près de 91 000 $ canadiens.
En résumé, la Mitsubishi Lancer Evolution a marqué plusieurs générations d’amateurs de voitures, gagnant une place de choix parmi les icônes automobiles. C’est avec regret que nous apprenons la perte de cette légende.
En passant, Mitsubishi se concentrera maintenant à produire ceci, une voiture électrique de 36 000 $ avec une autonomie de 100 km d’autoroute (48 km en hiver), qui est, selon le constructeur, plus justifiable qu’une voiture sport…