Portrait de deux amoureux de voitures... et deux amoureux dans la vie!

Publié le 27 février 2022 dans Galeries par Alexandre Trudel

Faisons connaissance avec Camille Proulx, 30 ans, propriétaire d’une Chrysler Newport 1977, et Sébastien Provost, 29 ans, propriétaire d’une Dodge Diplomat Salon 1988.

Ces modèles de voitures ne sont généralement pas prisés par les collectionneurs, alors nous avons ici le parfait exemple de propriétaires de ce qu’on peut appeler, des voitures « étranges et rares ».

Cet album photo fascinant vous permettra de revisiter des modèles de voitures que vous avez peut-être oubliés, mais qui font encore partie du parc automobile québécois, grâce à ce couple de passionnés.

Petit survol rapide des propriétaires en question afin de mieux cerner à qui nous avons affaire ici.

Camille et Sébastien, aujourd’hui résidents de Saint-Amable, en Montérégie, se sont rencontrés lors de leurs cours en mécanique automobile au Centre de formation Compétence Rive-Sud de La Prairie en 2009 et forment un couple depuis ce temps. Pour citer Sébastien : « J’ai obtenu un diplôme et une blonde au même endroit, un deux pour un! ».

Le véhicule au quotidien de Camille est un robuste et luxueux Dodge Durango GT 2018 afin d’assurer le confort et la sécurité du nouveau venu, le petit Ludovic, né en novembre 2021.

Originaire de Salaberry-de-Valleyfield, elle travaille en tant que commis aux pièces chez Pièces d’Autos O. Fontaine Inc. de Sainte-Julie et participe occasionnellement à des concours de pin-up, soit la représentation raffinée et respectueuse de la féminité des années 1950. Elle a d’ailleurs remporté plusieurs prix, dont ceux de Miss Kildare Deluxe 2017 et de Miss Motorama Toronto 2019.

Le véhicule du quotidien de Sébastien est un Dodge RAM 1500 1999 qui se trouve à être le « cheval de service » de la famille. Originaire de Sainte-Julie, notre homme travaille en tant que technicien en mécanique au concessionnaire Chaput Automobile Inc. de Varennes.

Ils sont de vrais passionnés de la marque, si bien qu’ils sont respectivement trésorière et vice-président du club CMOA (Canadian Mopar Owner Association) qui s’adresse aux propriétaires de véhicules AMC, Chrysler, DeSoto, Dodge, Fiat, Imperial, RAM, Jeep, Nash, Plymouth et Rambler.

Ils ont accepté de se prêter au jeu d’une petite entrevue dans laquelle ils nous expliquent pour quelles raisons ils sont propriétaires de ces fameuses « étranges et rares ».

La première voiture antique du couple aura été cette magnifique Chrysler Newport Brougham 4 portes « high option » 1977. Comme plusieurs passionnés de voitures, ils ont pris l’habitude de les baptiser. Celle-ci portait le nom de « Crème de poulet » à cause de sa couleur beige pâle. Elle n’aura pas été restaurée outre-mesure et aura servi de source précieuse de pièces de mécanique et d’esthétique pour la Chrysler Newport hard-top 2 portes « low option » 1977 de Camille. Cette photo a évidemment été prise lors d’une séance de photo pour un concours de pin-up.

Comme chacun de leurs véhicules porte un coquet sobriquet, voici « Muffin aux bleuets », soit la Chrysler Newport hard-top 2 portes 1977 de Camille.

Lorsqu’elle est arrivée dans la vie de Camille, sa Newport 1977 était équipée d’un toit de vinyle, de moulures chromées latérales et autour des ailes, de roues d’acier avec pneus à flancs blancs et de butoirs de pare-chocs. Afin de donner un look « restomod » à sa voiture, soit un look plus moderne et épuré, Camille a pris la décision de retirer ces caractéristiques et accessoires.

Il est légitime de se poser la question « combien coûte l’entretien annuel de ce type de véhicule? ».

Évidemment, le montant diffère d’une personne à une autre dépendamment du kilométrage effectué et de l’attention qu’on décide d’offrir au véhicule. Dans le cas présent, étant donné qu’elle ne l’utilise que du mois d’avril au mois d’octobre, Camille nous indique qu’elle parcourt environ 5000 km par année et qu’elle investit environ 500 $ par année en entretien de base.

Il s’agit d’un modèle « low option », dépourvu de tout artifice qui soit. L’acheteur moyen de ce type et de ce format de véhicule se tournait habituellement vers les Dodge Monaco et Plymouth Gran Fury, construits sur la même plateforme et offerts à moindre coût. 

L’acheteur désirant s’offrir une Chrysler optait généralement pour la version « high option » qui comprenait des caractéristiques haut-de-gamme (pour l’époque) telles que la colonne de direction inclinable, les vitres de custode pivotantes aux portières avant, le régulateur de vitesse ainsi que le « fuel pace saver » (indicateur de surconsommation de carburant), soit un voyant lumineux indiquant au conducteur si la fougue de sa conduite était raisonnable ou trop enthousiaste.

On voit ici « l’après ». Retrait du toit de vinyle, retrait des moulures latérales chromées, ajout de jantes d’aluminium style « Rider » et retrait des butoirs de pare-chocs en caoutchouc. De plus, l’œil de lynx aura remarqué qu’elle s’est assurée de conserver l’emblème du pilier C garni de vinyle et de le réapposer au même endroit qu’avant. Les puristes crieront peut-être au scandale, mais avouons que le résultat est fort réussi!

À la question un peu indiscrète à propos du prix qu’elle a déboursé pour son petit trésor, Camille affirme avoir versé la somme de 4500 $ aux propriétaires précédents, un couple d’amis qui en prenait déjà grand soin. C’était en 2015. Aujourd’hui, bien qu’elle n’ait aucunement l’intention de s’en départir, elle considère qu’elle pourrait obtenir environ 10 000 $ si elle la revendait. Comme quoi un jouet bien entretenu peut s’avérer payant!

Camille nous confie au passage qu’elle a déjà été propriétaire d’un autre jouet motorisé, et plutôt ludique! Il s’agissait d’un Ford Ranger XL 1996 muni d’une boîte de 7 pieds qu’elle avait fait repeindre de couleur rose. Impossible de passer inaperçue à bord de celui-ci. Par chance, elle n’était ni agent de filature, ni braqueuse de banque! Seuls ajouts qu’elle lui avait apportés : une plaque avant à l’effigie de « John Deere » de couleur rose et des jantes provenant d’un Ford Explorer Eddie Bauer.

Pour les amateurs de ce genre de détail, on ajoutera que Muffin a été achetée neuve au concessionnaire Universal Auto Limitée, autrefois sis au 777, 1re avenue, Québec, dans le secteur Limoilou.

Abordons maintenant l’histoire de Dippy, la Dodge Diplomat Salon 1988 de Sébastien. Il s’agissait d’un modèle en fin de production car l’année-modèle 1989 sonnait le glas de cette plateforme déjà très ancienne pour l’époque.

En effet, la Diplomat faisait partie de la gamme Dodge depuis 1977. Elle partageait d’ailleurs plusieurs composantes structurelles avec les défuntes Dodge Aspen et Plymouth Volaré.

Quelques très subtiles modifications ont été apportées au véhicule par son propriétaire qui, on se rappelle, est technicien en mécanique automobile. Sur la photo ci-dessus, un accessoire est devenu obsolète depuis. Il s’agit du levier de sélection des vitesses situé sur la colonne de direction. En effet, la Diplomat de Sébastien est aujourd’hui équipée d’une boîte manuelle 5 vitesses au plancher, projet qu’il a accompli lui-même de A à Z. Il a brillamment extirpé les composantes de cette transmission sur un Dodge Dakota 2000. À noter que les Diplomat 1988 n’étaient pas disponibles avec ce type de transmission. Elles l’ont toutefois été dans les années-modèles 1980 à 1983.

Ce qui rend cette voiture si spéciale aux yeux de Sébastien, c’est qu’elle fait partie de son entourage depuis sa tendre enfance. La Diplomat a été achetée neuve par un résident de Sainte-Julie, ville natale de Sébastien. Il l’avait remarquée dès son adolescence, alors qu’il errait à vélo dans son patelin. Il nous raconte qu’il était fasciné de la voir passer dans les rues et qu’il était charmé par son apparence et la sonorité de son moteur. Après quelques petites recherches dignes de Columbo, nous l’avons retrouvée, sur la vignette 2011 de Google Street View, alors qu’elle avait déjà 23 ans! C’est par un concours de circonstances qu’il a pu mettre la main dessus lorsqu’elle a été mise en vente par la succession du propriétaire original. Le prix payé pour ce souvenir d’enfance? La modique somme de 400 $ a été suffisante pour la ramener chez lui. Incroyable mais vrai!

Tout propriétaire de véhicule étrange ou rare doit s’attendre à recevoir un grand nombre de commentaires. Des pouces en l’air, sur la route, principalement, mais également des confidences moins glorieuses. Par exemple, étant donné que la Diplomat de Sébastien est munie de roues noires et dépourvue d’artifices, son apparence rappelle les véhicules utilisés par les forces policières de l’époque. Va sans dire que ça peut rappeler de sombres souvenirs à quiconque ayant dû prendre place, contre son gré, sur la banquette arrière d’une Diplomat suite à un… « petit mauvais coup »!

La Dodge Diplomat Salon 1988 de Sébastien a été achetée neuve au concessionnaire Saint-Bruno Chrysler Inc., autrefois situé au 635, boulevard Clairevue Ouest, à Saint-Bruno-de-Montarville. À ne pas confondre avec son voisin immédiat, Sega Automobiles, qui lui, était distributeur des marques AMC, Renault, Jeep et, plus tard, Eagle. Saint-Bruno Chrysler Inc. a changé de nom pour Saint-Basile Chrysler lors de son déménagement à… Saint-Basile-le-Grand.

En vrai nostalgique, Sébastien est allé photographier sa « Dippy » devant les anciennes installations de Saint-Bruno Chrysler Inc. On imagine bien cet espace occupé par de nombreuses Colt, Shadow, Spirit, Dynasty, Daytona, Grand Caravan et de cette superbe Diplomat.

S’il est vrai que chaque membre du couple a un attachement majeur envers son propre véhicule, ils se font un plaisir de se les partager mutuellement. Camille a fière allure au volant de la Diplomat de Sébastien! Cette photo nous donne envie de ressortir nos meilleures cassettes de musique, n’est-ce pas?

Si Camille a la chance de rouler en Dodge Durango GT au quotidien, Sébastien n’est pas en reste pour autant. Il « enfourche » son bon vieux Dodge RAM 1500 1999 pour se rendre au travail et effectuer divers moyens et grands travaux. Lorsque nous avons abordé la question de la gestion des clefs, des immatriculations et des assurances, ils ont simplement ri de bon cœur. On devine que ça doit être un combat de chaque instant!

Avec l’approche du printemps, notre couple de passionnés compte les jours avant de pouvoir libérer leurs trésors routiers de leur lieu d’entreposage hivernal! On leur souhaite de bien en profiter pour la belle saison, en compagnie du petit Ludovic! Si vous les croisez sur la route, n’hésitez pas à les saluer chaleureusement!