Le classique et l’excentrique : portrait d’un couple aux goûts surprenants!

Publié le 12 mars 2022 dans Blogue par Alexandre Trudel

Faisons connaissance avec Carle Desjardins et Hugo Doucette, un couple de passionnés de voitures étranges et rares et dont l’entrée de cour attire bien des regards. Ensemble depuis 5 ans, notre duo habite Blainville et ont une vie bien rangée en apparence. Toutefois, la fréquence de leurs transactions avec la SAAQ est un peu plus élevée que celle de la moyenne des gens!

On définira Carle comme le sage du couple, celui qui a sélectionné sa voiture après plusieurs mois de recherche, suivant une passion qui l’habite depuis son adolescence. Originaire de Blainville, il œuvre en tant que conseiller technique chez un concessionnaire Subaru.  Il est propriétaire d’une Chrysler Le Baron 1989 décapotable, alors que son véhicule au quotidien est une Kia Sedona 2016.

On définira Hugo comme le clown, le spontané et l’anticonformiste en termes de préférences automobiles. Pourtant très casanier, sa passion lui offre la chance d’exprimer son excentricité. Originaire de Pincourt, il est moniteur de conduite automobile et étudiant en théâtre au collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse. Il est propriétaire d’une superbe Hyundai Accent GL berline 1995 de couleur « cachemire métallique », soit un genre de mauve rose bonbon, très typique de l’époque. Ironiquement, son véhicule au quotidien est une Hyundai Accent L à hayon 1998 de couleur blanche. On y reviendra!

Les puristes et les critiques crieront au scandale : « une Hyundai Accent n’est pas un modèle de collection! ». Certes, mais combien d’Accent GL 1995 à l’état « salle d’exposition » avez-vous vues dernièrement?

Dans l’album photo qui suit, vous pourrez découvrir l’historique récent de ce couple de passionnés d’automobiles.

Débutons avec la Chrysler Le Baron décapotable 1989 de Carle. Ce modèle représente pour lui un rêve d’adolescence qu’il s’était promis de se procurer un jour. Fidèle à ses ambitions, c’est tout récemment, en 2020, qu’il a réussi à mettre la main sur un exemplaire en excellente condition de sa voiture de rêve.

Ce sont ses lignes épurées et ses phares à couvercle rétractable qui l’ont surtout charmé. Il ne visait certainement pas la haute performance car sa Le Baron est dotée d’un moteur 4 cylindres de 2,5 litres qui développe 100 maigres chevaux. De toute façon, en décapotable, plus on roule vite, moins on entend la musique.

Il est vrai que le concept des phares dissimulés, tant par couvercle rétractable que par système électrique de phares escamotables, aura été une très grande mode dans l’histoire de la voiture sport. L’aérodynamisme et l’esthétisme ne s’en trouvaient qu’améliorés et ça ajoutait aussi un brin de magie.

Le plaisir de les voir se déployer et se replier nous procurera toujours un petit je-ne-sais-quoi de bonheur. Bien sûr, cette caractéristique est commune aux marques haut-de-gamme et aux modèles à vocation sportive, mais on doit se rappeler que plusieurs « bateaux » des années 1960 et 1970 en étaient dotés, ainsi que d’autres modèles sans prétention au courant des années 1980, dont les Honda Accord, Buick Skyhawk et Pontiac Sunbird.

Ce charmant concept fera ses adieux à l’arrivée des législations nord-américaines imposant aux fabricants de munir leurs véhicules de phares automatiques diurnes, ce qui mènera à la disparition quasi-soudaine des phares dissimulés ou escamotables.

Il appert que la première voiture dotée de phares escamotables fut la Cord 1937. Ça fait donc au moins 85 ans que ce système fascine les passionnés d’automobile!

Voici la Le Baron de Carle devant un des plus anciens concessionnaires Chrysler du Québec, soit Landry Automobile Limitée, du 103, boulevard Curé-Labelle, Laval secteur Sainte-Rose. Ils ont ouvert leurs portes en 1949 à cette adresse et sont encore en affaires aujourd’hui. On se demande bien combien de Le Baron décapotables neuves sont sorties des portes de ce concessionnaire aux mains d’acheteurs rêvant de rouler les cheveux au vent!

De nos jours, quand on achète un véhicule, on se rend chez un concessionnaire de notre région, qui est souvent voisin d’un ou de plusieurs autres concessionnaires de marques concurrentes, donc quelques kilomètres suffisent pour trouver quelque chose qui nous conviendra pendant quelques courtes années.

Toutefois, lorsqu’il s’agit de trouver un véhicule ancien, étrange ou rare, il faut parcourir de grandes distances. Carle aura parcouru pas moins de 1200 kilomètres pour trouver sa Le Baron! Il s’est rendu à Grand-Remous en Outaouais, à Saint-Lucien dans le Centre-du-Québec, pour finalement trouver la sienne à Deschambault-Grondines, dans la région de la Capitale-Nationale.

Plus tôt, on décrivait Hugo comme étant le plus excentrique, le plus spontané. Ça transparaît directement dans ses choix de véhicules et dans la durée pendant laquelle il les garde. En gros, on peut dire qu’il a un bon roulement dans son matériel roulant.

Il a toujours été amateur de modèles de voitures sous-estimées, qui ne font pas vraiment tourner les têtes mais qui marquent néanmoins l’histoire à leur façon. Grand fan du kitch des années 80 et 90, il se plaît à choisir des tenues aux couleurs fluos, à écouter de la musique pop de ces décennies, mais surtout, de rouler en voiture toujours un peu « risible » aux yeux de plusieurs, mais pour lesquelles il voue une grande passion. Voici donc sa Hyundai Accent GL 1995 de couleur cachemire métallique. Achetée en 2020, Hugo a déboursé 850 $ pour son petit trésor. Il a toutefois investi 3000 $ pour faire remettre la carrosserie en condition impeccable. Avec la surenchère que l’on connaît de nos jours, qui sait combien il pourrait obtenir s’il décidait de la revendre!

Pour justifier son choix, il nous explique qu’il apprécie la simplicité de conception, la facilité d’entretien et surtout, la visibilité lors de la conduite. De nos jours, les véhicules sont munis de montants massifs et de portières qui nous arrivent presqu’aux épaules, mais dans son Accent, il se sent libre et agile. Bref, il considère qu’elle mérite autant d’être chouchoutée qu’un modèle populaire et sportif et il n’a aucun complexe de se passionner pour un modèle aussi peu prisé par les amateurs de grosses cylindrées. De toute façon, rares sont les chances qu’il croise quelqu’un qui se targuera d’avoir une plus belle Accent que la sienne.

Non seulement l’Accent GL 1995 d’Hugo est en parfaite condition, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, mais elle arbore aussi l’autocollant du concessionnaire d’origine. Il s’agit de Laurier Station Hyundai, autrefois situé au 164, boulevard Laurier, à Laurier-Station.

Ça représente une preuve concrète de la disparition des petits concessionnaires de région. Aujourd’hui, les Laurierloises et Laurierlois doivent parcourir plus de 30 kilomètres pour se rendre chez le concessionnaire Hyundai le plus près, soit Saint-Nicolas Hyundai.

Fait amusant, avant de s’appeler Laurier Station Hyundai, ce concessionnaire portait le nom un peu ésotérique de Station Stellaire Hyundai. L’intention était sans doute de faire allusion au modèle Stellar, l’ancêtre de la Sonata. Voici d’ailleurs la vignette 2013 de Google Street View sur laquelle on retrouve un vestige tangible de la présence de la marque dans ces locaux.

Pour ceux qui l’auraient oubliée, voici à quoi ressemblait la première génération de Stellar à être apparue au Québec. Elle était munie d’une propulsion arrière, d’un équipement au-dessus de la moyenne, d’un moteur à 4 cylindres conçu par Mitsubishi et de lignes étant dessinées par le designer italien Giorgetto Giugiaro.

On devine que les représentants des ventes de l’époque devaient énormément insister sur ces détails afin de convaincre leurs clients potentiels de se tourner vers cette marque sud-coréenne méconnue. Ils avaient alors du pain sur la planche pour lutter contre les Accord, 626, Stanza et Camry japonaises qui avaient déjà acquis une réputation fort enviable point de vue fiabilité.

Revenons à Hugo, maintenant. Avant de se prévaloir du luxe de son Accent GL 1995, il a été propriétaire d’une panoplie de modèles hétéroclites, dont cette Chevrolet Chevette CS 1985. Si cette photo avait été prise dans les années 1990, elle n’aurait pas soulevé quelconque intérêt, mais elle a été prise en 2011 et il l’a conservée jusqu’en 2015, alors que la très grande majorité des Chevette avaient déjà tiré leur révérence du parc automobile québécois.

Elle était encore munie de son autocollant de concessionnaire d’origine, soit Brouillard Chevrolet Oldsmobile, autrefois sis au 3727, route 132, à Nicolet.

Hugo aura également été propriétaire d’une Dodge Spirit 1994 vert émeraude qui avait été achetée neuve chez le concessionnaire Landry Dodge Chrysler de Laval dont il a été question précédemment.

Elle était dotée du même moteur 4 cylindres, 2,5 litres, qui équipe la Le Baron de Carle.

La Spirit et sa sœur jumelle, la Plymouth Acclaim, ont été produites de 1988 à 1995. Elles ont été remplacées par les Chrysler Cirrus, Dodge Stratus et Plymouth Breeze, qui venaient rejoindre les rangs des modèles Neon et Intrepid en ce qui a trait au concept « d’habitacle avancé » qui faisait la fierté de Chrysler à cette époque.

Remarquez les appliques dorées dans les jantes d’aluminium et le « faux » support à bagages de coffre arrière. Ce sont ce petit luxe à l’américaine, ses lignes anguleuses et sa couleur typique des années 1990 qui avaient charmé Hugo. Malheureusement, des ennuis mécaniques auront précipité sa vente.

Autre modèle qui était omniprésent dans les années 1980 et 1990, la Pontiac Sunbird, membre de la célèbre plateforme J de General Motors.

L’exemplaire qu’Hugo a possédé impressionnait par son état exceptionnel, tant au niveau de la propreté de l’intérieur que de la qualité de sa carrosserie. C’était un coupé Sunbird LE 1990 automatique de couleur rouge, une configuration souvent choisie par les acheteurs rêvant d’une Firebird, plus dispendieuse, ou d’une Fiero, moins pratique.

Preuve que le couple préfère rouler en voiture « étrange » ou hors-normes plutôt que d’opter pour la banalité? Sur la photo, on remarque que, ce jour-là, la Sunbird est chargée à bloc d’équipement de camping alors qu’ils avaient une spacieuse fourgonnette Kia à leur disposition pour leur escapade de weekend.

Si on vous dit Suzuki Swift, Pontiac Firefly, Chevrolet Sprint ou Geo Metro, vous pensez à cette sous-compacte dans sa version à hayon qui aura été, pour plusieurs, la première voiture ou la deuxième voiture de la maisonnée. Il y en avait partout et elles passaient pratiquement inaperçues.

Comment se démarquer en possédant un modèle de cette gamme à la fois variée et banale? Hugo a roulé en Chevrolet Sprint décapotable automatique 1990 de couleur jaune munie d’enjoliveurs jaunes. Celle-ci ne passait pas inaperçue!

Hugo nous confie avoir roulé pendant 13 heures consécutives, toit baissé, sur une distance d’environ 1200 kilomètres entre Blainville et Yarmouth, en Nouvelle-Écosse. Le confort des sièges ne l’a pas du tout incommodé, contrairement au bourdonnement aigu émis par le petit moulin de 3 cylindres, 1 litre et 55 chevaux.

Dans l’histoire de l’humanité, très peu de gens ont prononcé ces mots : « elle est vraiment cool ta Corolla! ».  Après 56 ans d’existence, elle est néanmoins la voiture la plus vendue au monde, ses ventes ayant atteint les 50 millions d’exemplaires. Tout le monde connaît quelqu’un qui a eu une Corolla. C’est le stylo Bic de l’automobile.

Contre toute attente, Hugo a trouvé le moyen d’avoir une Corolla « rare », un exemplaire issu de la dernière année de la 5e génération, soit une Toyota Corolla LE automatique à hayon 1987 de couleur bleue. L’arrière ouvrant de cette Corolla donnait accès à un espace de chargement caverneux qui ferait rougir de gêne la plupart des VUS compacts contemporains.

General Motors a aussi distribué ce modèle sous l’appellation Chevrolet Nova. Cette alliance (Toyota – General Motors) aura refait surface avec les modèles jumeaux Toyota Matrix et Pontiac Vibe, au milieu des années 2000.

La Corolla d’Hugo avait été achetée neuve chez le concessionnaire Couillard Toyota, du 460, chemin Larocque, à Salaberry-de-Valleyfield.

On revoit ici la Le Baron de Carle, mais on attire votre attention vers les véhicules du fond.

Hugo a possédé une Chevrolet Cavalier VL 1993 qu’il n’a gardée que quelques mois.

Focalisons sur la Saturn SL2 1994, à peine visible mais dont l’anecdote vaut le coût.

Les Saturn de cette époque étaient munies d’une caractéristique plutôt inusitée : les ceintures avant électriques. En gros, il s’agissait d’un système qui faisait que le « point épaule » de la ceinture était mobile et motorisé tout au long du plafond afin de « sécuriser » le conducteur dès que la portière était fermée et de le « libérer » dès que la portière était ouverte, celui-ci n’ayant simplement qu’à boucler la ceinture abdominale.

Cela dit, alors qu’il en était propriétaire, Hugo a eu recours aux services d’Opération Nez Rouge. C’est tout à son honneur mais lorsque le bénévole a pris place au poste conducteur, il ne comprenait pas ce qu’il devait faire ou ne pas faire avec la ceinture. Par définition, quiconque ayant recours aux services d’Opération Nez Rouge n’est pas nécessairement en état d’expliquer le fonctionnement de ce système!

Difficile à croire mais vrai, la voiture au quotidien d’Hugo est cette Hyundai Accent L à hayon 1998.

Trésor d’été : Accent GL 1995. Bazou d’hiver : Accent L 1998.

On ne peut pas lui reprocher d’être incohérent, il aime ses Accent à ce point.

À sa défense, ça lui simplifie énormément la vie lorsque vient le temps de trouver des pièces de remplacement!

Les différences entre les finitions L et GL sont minimes. Le revêtement intérieur des portières de la version L est en plastique et celui de la version GL est en tissu. La version GL est équipée de la servodirection, alors que la L ne l’est pas.

On est loin des choix d’options contemporaines telles que les aides à la conduite, les sièges chauffants et ventilés, la connexion Bluetooth, l’accès à Apple Carplay ou Android Auto, ou l’ouverture du hayon activée au passage du pied sous le pare-chocs.

Lors d’une récente visite chez un concessionnaire Hyundai, Hugo a photographié son Accent L 1998 aux côtés de la toute nouvelle Hyundai IONIQ 5 2022, simplement pour démontrer à quel point les voitures ont évolué au courant des dernières décennies.

On peut évidemment faire le même exercice avec les véhicules des années 1990 en les comparant à ceux des années 1960, mais avouez qu’il est fascinant de constater à quel point le format, la technologie et l’apparence ont énormément évolué en 25 ans!

Pour terminer, tout en restant dans la nostalgie, sachez que Carle gère la page Facebook « En 67 tout était beau ». Allusion certaine au tube de Beau Dommage, il s’agit d’une page sur laquelle il présente les meubles antiques, principalement munis de systèmes audio d’époque, qu’il achète, rénove et revend, à temps perdu.

Saluons cet attachant couple qui vit au présent, s’entoure d’items du passé et embrasse le futur.