Né en 2004, il roule en AMC Pacer 1976

Publié le 26 mars 2022 dans Voitures anciennes par Alexandre Trudel

Originaire et résident de Granby, Antoine Leclerc est âgé de 17 ans. Né en 2004, il roule en AMC Pacer 1976.

Son véhicule au quotidien, pour sa part, est une très simpliste mais tout de même fort sympathique camionnette Ford Ranger XL 2008.

Nous vous invitons à consulter l’album photo qui suit afin de découvrir la courte mais riche histoire de ce jeune passionné.

Antoine n’avait que 4 ans lorsque son frère aîné s’est procuré une AMC Hornet 1972. Il nous confie que c’est à ce moment que la fascination des voitures anciennes est apparue en lui.

Un peu plus tard, assis sur les genoux de son père, il consultait une revue dans laquelle il a vu la photo d’une AMC Pacer, ignorant que c’était un véhicule de la même marque que la Hornet de son frère. Il l’avait alors pointée et avait dit « Moi, je veux ça! ». C’est moins d’une dizaine d’années plus tard, du haut de ses 13 ans et avec son argent de poche accumulé grâce à des « jobines » ici et là, qu’il a trouvé et acheté sa Pacer 1976. Antoine avait alors offert 1500 $ au vendeur qui demandait 2000 $. Celui-ci n’a pu qu’accepter, amadoué et attendri par son jeune acheteur.

Dans la documentation qu’il a trouvée dans le coffre à gants, Antoine a appris que sa Pacer a été achetée neuve chez un concessionnaire de Sept-Îles, sur la Côte-Nord. Selon une liste de concessionnaires Renault/AMC trouvée au dos d’une revue qu’il possède, on trouve le nom du concessionnaire en question, soit R.S. Auto Inc. Si vous vous êtes procuré une Renault ou une AMC dans les années 1970 ou 1980, peut-être retrouverez-vous votre concessionnaire local dans cette liste. Ces marques étaient étonnamment bien distribuées dans tous les recoins du Québec.

C’est donc dans cet édifice que se trouvaient les locaux de R.S. Auto Inc., au 140, rue Père-Divet, Sept-Îles.

Aujourd’hui, les locaux ont été divisés et accueillent une clinique du sommeil, une clinique d’orthophonie et des bureaux de courtiers immobiliers.

Reste qu’on peut facilement deviner, par la devanture vitrée et la porte de garage à l’arrière, que cet endroit ait pu accueillir un concessionnaire automobile dans le passé.

Revenons à la Pacer d’Antoine. Il s’agit de la version « de base », équipée du moteur 6 cylindres en ligne de 3,7 litres et développant 100 chevaux et d’une transmission automatique « Torque-Command » à 3 rapports.

Le poids approximatif de ce véhicule étant d’environ 1350 kilos, soit près de 3000 livres, il ne faut pas d’attendre à des performances de course.

Antoine nous confie d’ailleurs que la consommation d’essence de sa Pacer est exceptionnellement élevée. Il estime que sa voiture « boit » environ 20 L/100 km en conduite tranquille et près de 30 L/100 km en conduite plus enthousiaste.

L’histoire de la Pacer est fascinante et complexe, mais pour s’en tenir aux grandes lignes, AMC avait mandaté General Motors pour la conception d’un moteur rotatif qui allait équiper la Pacer. Mazda était déjà un grand joueur en ce qui a trait aux moteurs rotatifs à cette époque.

Pour diverses raisons, GM avait annulé la production de ce moteur à la dernière minute, alors AMC n’a eu d’autre choix que de se rabattre sur une motorisation existante. Ils ont alors trouvé le moyen d’installer dans la Pacer le 6 cylindres en ligne, de très ancienne conception, qui équipait déjà la Hornet.

Le plus étrange dans tout ça, c’est que la Pacer était censée être une voiture compacte « large ». En effet, dans cette capsule d’Antoine Joubert portant sur la Pacer), on peut y voir une publicité américaine télévisée dans laquelle on l’appelle « the first wide small car ».

Cela dit, l’AMC Pacer d’Antoine Leclerc est doté de la finition « de base ». Les finitions X (au look plus sportif) et D/L (plus généreusement équipée) étaient également offertes. La voici photographiée lors d’une exposition du CMOA (Canadian Mopar Owners Association) à Saint-Liboire, en Montérégie.

L’enthousiasme autour de la Pacer s’effritant rapidement, AMC a eu le réflexe d’offrir une version « familiale » ou « allongée » de la Pacer. Toujours munie de seulement deux portières, elle offrait davantage d’espace de chargement et un look beaucoup plus conservateur. À noter que la portière côté passager était plus longue que celle du côté conducteur afin de faciliter l’accès aux places arrière.

La Pacer « Wagon » a d’ailleurs trouvé davantage d’acheteurs que la version régulière à hayon.

Croyez-le ou non, la Pacer a aussi été offerte avec une motorisation 100% électrique!

La Pacer « EVA Project » (Electric Vehicles Associates) avait une autonomie estimée de 90 kilomètres. Son moteur développait l’équivalent de 27 chevaux, elle accélérait de 0 à 50 km/h en 12 secondes et des miettes et sa vitesse maximale était de 89 km/h.

Tout comme les voitures électriques contemporaines, il était possible de la recharger à la maison sur une prise 110 V ou 220 V. Seulement 100 Pacer ont été converties à l’énergie électrique et on en demandait 14 000 $, l’équivalent d’environ 65 000 $ aujourd’hui. Auriez-vous été preneur?

Pour la petite histoire et sans s’y attarder outre-mesure, il faut savoir que la marque American Motors Corporation a été créée en 1954, suite à la fusion des marques Nash et Hudson. Ils ont utilisé les appellations Nash et Hudson jusqu’en 1958, année à laquelle le nom Rambler vient remplacer ces 2 bannières.

En 1966, le nom Rambler est abandonné et c’est à ce moment qu’apparaissent les concessionnaires American Motors.

Si l’AMC Pacer était excentrique, on voit ici la Nash Statesman Super Club Coupe 1950. Comme quoi les lignes hors-normes font partie de l’ADN de la marque.

Les ventes d’AMC n’auront jamais atteint les sommets qui étaient réservés aux « Trois Grands » que représentaient General Motors, Ford et Chrysler. Toutefois, ils avaient et ont toujours leur part d’inconditionnels.

Petit survol de différents modèles offerts par AMC.

On a ici la Gremlin 1974. Sa silhouette donne l’impression que l’arrière a été tranché en diagonale comme une carotte ou une baguette de pain.

Elle venait compétitionner avec la Ford Pinto qui avait également un arrière très peu esthétique, mais la Gremlin devait miser sur le confort et l’équipement de son habitacle afin de convaincre qui que ce soit… car comme on dit, c’est la beauté intérieure qui compte!

Nous avons ici l’AMC Matador familiale 1978, alias La Grosse Brune, appartenant à Antoine Joubert.

Si vous ne la connaissez pas déjà, c’est que vous en êtes à votre première visite sur ce site!

Cela dit, la Matador se situait dans la catégorie « plein format » et venait jouer dans les platebandes des Chevrolet Caprice Classic, Chrysler Newport et Ford LTD de l’époque.

Les VUS n’étaient pas encore populaires à l’époque. Les familles se déplaçaient pour la plupart en coupés ou en berlines. L’acheteur qui tenait à conduire un véhicule muni de la traction aux quatre roues devait se tourner vers les « gros utilitaires » tels que les Chevrolet Blazer, Dodge Ramcharger, Ford Bronco et Jeep Wagoneer.

Une voiture intermédiaire à 2 portes munie de la traction aux quatre roues, c’était complètement révolutionnaire. C’est ce que l’AMC Eagle offrait.

Offerte en plusieurs autres types de carrosserie, elle aura été la pionnière d’une catégorie qui inonde nos routes aujourd’hui.

Petit clin d’œil rapide à la marque Subaru qui, apparue au Québec en 1978, venait jouer dans la cour des grands, principalement celle d’AMC.

Ses voitures familiales compactes à quatre roues motrices étaient du jamais vu pour un constructeur japonais à l’époque. L’histoire nous le dira : AMC n’est plus et Subaru figure aujourd’hui parmi les marques les plus populaires.

Revenons à notre propriétaire de Pacer, maintenant! Tel que mentionné plus tôt, son véhicule au quotidien est un Ford Ranger XL 2008, 4 cylindres 2,3 litres, à boîte courte, à cabine courte, à transmission manuelle 5 vitesses et à fenêtres à manivelle. Bref, la camionnette de base par excellence! Son Ranger a parcouru plus de 340 000 kilomètres et sa mécanique ne montre que de très minimes signes de fatigue.

Aujourd’hui, il est pratiquement impossible de se procurer une camionnette simpliste et abordable quand on ne veut que transporter quelques outils ou items encombrants.

Le Ranger d’Antoine a été acheté neuf dans son patelin, soit chez le concessionnaire Ford de Granby.

L’œil de lynx aura remarqué la mention « SVT » sur l’autocollant apposé par le concessionnaire. La gamme SVT (Special Vehicle Team) n’était disponible que chez trois concessionnaires du Québec : Auto Collection Ford de Québec, Boisvert Ford de Boucherville et Formule Ford de Granby.

Il arrive souvent que des concessionnaires soient sélectionnés par un manufacturier pour distribuer des modèles exclusifs. Ça aura été le cas dans les années 1980 pour les quelques concessionnaires Chrysler qui ont distribué la marque Peugeot ou les quelques concessionnaires Hyundai qui ont distribué la berline Equus dans les années 2010.

Mais en quoi consistait la gamme SVT exactement?

En gros, vous l’aurez compris, la « Special Vehicle Team » propose des modèles Ford modifiés tant esthétiquement que mécaniquement.

Nous voyons ici le Ford SVT F150 Lightning 2003.

Pour ceux qui étaient passionnés de tuning au début des années 2000, vous vous rappelez sûrement la Ford Focus SVT.

Nous n’allons pas extrapoler sur le sujet… seulement spécifier qu’il ne faut pas confondre la gamme SVT avec les modèles « Saleen » qui sont préparés par une firme indépendante.

Pour terminer, voici la Pacer d’Antoine, photographiée devant la salle de spectacles Le Palace de Granby, avec ses néons et son ambiance des années 1970.

Si vous croisez Antoine au volant de son aquarium mobile, n’hésitez pas à le saluer chaleureusement!